Un homme domine cette formidable épopée, cette fantastique marche du Sahara aux Pyrénées : Yusuf ibn Tashfin. Archétype du souverain musulman juste et valeureux, au point que d’aucuns le qualifièrent de » sixième calife bien-guide » incorruptible, proche de ses hommes et des oulémas, gestionnaire avisé et fin diplomate au pardon facile, il était l’antithèse du despote. Idéologue en armes homme d’Etat vertueux et ascète, bâtisseur d’empire et chef de guerre, son seul nom, qui inspirait terreur et effroi dans le cœur des tyrans, sera scandé de Fès à Séville, de Valence à Alger, par tous les peuples de l’Occident musulman en quête de justice.
Car Yusuf ibn Tashfin était, avant tout, le porte-étendard d’une cause, une furieuse révolte contre l’état dramatique du Maghreb d’alors et une réforme religieuse radicale à laquelle il avait entièrement dévoué sa vie, résumée en ce slogan : » Propager la Vérité, réprimer l’injustice, abolir les impôts illégaux. »
Avec près d’un millénaire de recul, son oeuvre accomplie en à peine un demi-siècle nous parait immense : l’union des deux rives de la Méditerranée en l’un des plus puissants empires que la civilisation islamique ait connu, mais aussi et surtout la diffusion massive de l’islam malékite qui aujourd’hui encore rythme la vie de centaines de millions de musulmans d’Afrique…
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